SOS in the Dancefloor

CRÉDIT - CSS

{{ S.O.S ! De : Reina-chan 22h39 Run Oppa~ (-T.T-) Il y a un problème, j'ai besoin de toi, vraiment vraiment besoin de toi. Il faut que tu viennes au coin de la sixième et septième rue, tout prêt du restaurant Sakana. Itte kudasai, fais vite. C'est une urgence, un cas de force majeur !

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A bien y regarder, il était essoufflé, ce qui voulait dire qu'il avait... Couru. Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent tandis qu'elle prenait le temps de le regarder de haut en bas, presque bouche-bée d'avoir réussi à lui faire perdre son calme habituel aussi facilement. Des remords ? Se mordillant la lèvre inférieure d'une manière un peu coupable, Reina resta un instant bloquée devant la chemise à peine boutonnée. A bien y réfléchir, ce n'était pas très gentil ce qu'elle faisait là, même si il y avait du vrai dans ce qu'elle avait écrit : Elle avait besoin de lui. Pas de la façon qu'il imaginait, bien sûr, mais quand même.

« ▬ Alors qu'est-ce que tu as ? J'ai fais tout ce que j'ai pu. »

Avant même de trouver quoique ce soit à répondre, la brune fut attirée dans les bras puissants de son ainé et si, la première seconde, son corps se crispa à ce contact, ce ne fut que pour mieux se détendre contre lui juste après. Doucement, elle posa sa joue contre son torse, juste pour écouter les battements affolés de son cœur. C'était un son rassurant. Celui des sentiments de la seule personne qui se souciait réellement d'elle. Peut-être ne s'en lasserait-elle jamais.

« ▬ Ne t'en fais pas, c'est fini maintenant, dis-moi ce qui se passe. »

A nouveau, les épaules de la japo-coréenne se crispèrent. Pour le coup, dans cette position précise, lui dire la vérité devenait vraiment compliqué. D'un autre côté, elle ne pouvait définitivement pas lui mentir - et pourtant, ça n'aurait pas été très dur à faire en étant une fille seule juste à côté de l'entrée d'une boîte de nuit à une heure pareille. Agissant comme un petit animal effrayé, la belle frotta le bout de son nez contre la peau nue du japonais avant de se serrer un peu plus contre lui. Malgré la situation, que nombre de filles de l'université lui aurait envié sur l'heure, elle avait encore la folle envie de rentrer dans le bâtiment et d'aller danser. Mais pas tout de suite. Dans quelques minutes, le temps de rendre la pilule plus... Facile à avaler. C'était possible ça ?

« ▬ Run Oppa~... Je me sentais seule. »

Vous voyez, elle n'essayait même pas de mentir; Elle évitait juste les détails. Relevant légèrement le bout de son nez pour pouvoir le regarder de sa confortable position, la jeune femme fronça légèrement les sourcils. Il avait l'air si fatigué qu'elle se sentait déjà comme un monstre. A ce rythme, elle en aurait presque oublié son but initial. Puis lentement, elle se détacha de lui, comme à regret, sans pour autant s'écarter tout à fait, voulant garder ses bras juste à elle.

« ▬ Ne, Oppa, tu dois promettre de ne pas me lâcher, d'accord ? »

Relevant ses mains, Reina s'appliqua à reboutonner la chemise de son compagnon de quelques boutons tout en fronçant les sourcils sous la concentration. Pour le coup, elle ne le regardait plus, de peur qu'il retire ses mains d'elle dès qu'elle lui aurait expliqué la nature même de l'urgence qui l'avait amené jusque là. Une fois qu'elle n'eut plus d'occupation pour ses mains - n'ayant pas attaché le col ni le premier bouton -, la brune se dandina brièvement d'un pied sur l'autre avant de lancer un regard par-dessus son épaule, vers l'objet de tous ses désirs. Enfin, de presque tous ses désirs. Cette nuit, elle était bien décidée à ne pas rentrer à son appartement. De toute façon, Nanao ne le remarquerait même pas, sans doute déjà couché vu l'heure. Peut-être qu'elle pourrait même passer chez Run après ? Définitivement, deux jours sans lui parler, c'était déjà trop long.

« ▬ Ah ! ... Et de ne pas te fâcher, aussi. » Mine de rien, c'était important de le préciser. « En fait, je voulais entrer au Yoru, pour m'amuser un peu, et... Je voulais y aller avec toi, et donc... » Petit regard en coin pour vérifier son état. « Tu vas venir, ne ? »

A tout choisir, elle aurait peut-être du attendre la promesse avant de se prononcer sur les raisons de son texto, mais ça, Reina ne s'en rendit compte que lorsqu'elle vit les yeux de Run s'agrandir comme des soucoupes. A ce rythme, elle allait se mordre la lèvre jusqu'au sang à le voir perdre son calme petit à petit. Le pire, c'est qu'elle le savait parfaitement susceptible, point commun de leur caractère qui avait déjà provoqué des situations un peu similaires à celle qui se profilait à l'horizon. La preuve, ses mains se détachaient déjà de son corps, la poussant à une petite moue boudeuse qui n'aurait pas du venir d'elle, étant donné que tout était de sa faute. Pour autant, croisant sagement les mains devant elle, la brune ne tenta pas de l'en empêcher, prête à subir l'orage le plus calmement possible.

« ▬ Reina. Tu te foutrais pas un peu de moi par hasard ?? Non mais pour qui tu te prends, tu sais la frousse que tu m'as faite ?!
▬ Ano... Ano ne... »

Le truc dans l'histoire, c'est que la jeune femme se sentait autrement moins sûre d'elle quand il s'agissait de son oppa, le seul, l'unique qui pouvait la toucher comme il le faisait. Ne pas se recroqueviller intérieurement quand elle le mettait en colère, c'était autrement plus difficile qu'en présence d'autres personnes. Retombant dans le silence, la japo-coréenne se contenta de l'observer avec un regard de chien battu pendant qu'il faisait tout son possible pour ne pas dépasser les limites de la colère en tournant en rond. Avec un rythme un peu plus rapide, il aurait fait un trou dans la route, à tous les coups. Et malgré ça, n'importe quelle fille aurait sans doute rêvé d'être à sa place, en train de fixer cet homme se prendre la tête tout seul, passant nerveusement une main dans ses cheveux. Bizarrement, quand il s'agissait de Run, les filles devenaient masochistes par simple envie d'avoir ne serait-ce qu'un peu de son attention. Elle ne pouvait pas les blâmer, ce n'est pas comme si elle était aveugle. Enfin, il s'arrêta pour se repositionner devant elle, visiblement... Disons, moins proche d'éclater.

« ▬ Écoute-moi bien. C'est la dernière fois que tu me fais ça d'accord ? Je ne suis pas à ton service non plus. Je suis même pas assez habillé pour y entrer à ta boite... ! »

Par réflexe, comme d'un commun accord, les deux élites se dévisagèrent puis se regardèrent de haut en bas. Cette réaction instinctive réussi à ramener un petit sourire aux lèvres pulpeuses de Reina juste avant que leurs yeux ne se croisent à nouveau. Sincèrement, il n'y aurait eut que les types jaloux pour ne pas laisser entrer son ainé, quand bien même aurait-il porté un sac à patates sur le dos. Tenez, même nu, il se serait promené en ville sans aucune chance d'être arrêté pour exhibition ! ... Quoique. Pour le coup, la demoiselle sentit ses joues rougir après avoir osé ne serait-ce qu'imaginer une chose pareille.

« ▬ Dis-moi... Tu ne crois pas que ça fait un peu trop, ça ? Tu risques de te faire mater pas mal, là-dedans...
▬ Hé ? ... Ah... »

D'un nouveau coup d'œil vers le bas, la belle scruta sa tenue d'un air critique, puis fit la moue. L'instant suivant, elle pliait une jambe pour observer de plus prêt la hauteur de ses talons, pour reposer son pied au sol. C'est vrai que ce soir, la tenue était osée. Pourtant, on ne voyait pas grand chose de sa peau sinon le haut de ses cuisses, mais c'était à croire qu'elle ne se rendait pas compte de l'effet que pouvait faire son physique dans des vêtements moulants. Curieuse, sans se départir de son sourire, Reina s'appliqua à faire quelques pas pour se rapprocher à nouveau de son Oppa, se penchant légèrement en avant en croisant les mains dans son dos, se donnant un petit air canaille.

« ▬ Tu penses que les talons sont trop hauts ? Ou peut-être que j'ai trop de tissu sur moi... Je devrai peut-être en retirer avant d'entrer ? » Elle lui tira la langue. « Aww~, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire toute seule là-dedans si les hommes se montrent aussi volontaires que tu le dis... ! »

Aussitôt, elle se redressa et fit un gracieux demi-tour sur la pointe des pieds, gardant toujours soigneusement ses mains dans son dos tandis qu'elle s'éloignait à nouveau. Non, vous n'aviez tout de même pas cru qu'elle avait oublié son caprice malgré les regrets d'avoir procédé de cette façon ? Reina lui lança un regard interrogateur par-dessus l'épaule.

« ▬ Ne, Oppa... Tu me regarderais comme eux ? »

Malgré elle, Reina se retenait de rire sous cape. Sans s'en rendre compte, son sempai était vraiment un des hommes les plus adorables de toute l'université, si pas le seul, et ce n'était pas qu'une question de physique. Certes, la majorité des élèves ne le regardaient que pour ça, mais la brune voyait au-delà, bien au-delà. A cet endroit où elle pouvait le taquiner sans se sentir perpétuellement en danger, rien qu'à voir son regard posé sur elle. A ses yeux, son ainé était un loup. Difficile à approcher, méfiant de prime abord, mais une fois amadoué, il n'y avait pas plus affectueux que lui, ni plus protecteur. Du coup, elle sursauta malgré elle en entendant sa réponse tandis qu'il grignotait la distance qui les séparait.

« ▬ Alors voyons... Je suis un homme comme eux... J'ai des yeux comme eux... Donc oui, il me semble évident que je te regarde comme eux, désolé mais tu ne peux en vouloir qu'à ton accoutrement là. Tu es une jolie fille après tout, normal. »

Sincèrement, elle ne s'y était pas attendue. A vrai dire, il ne l'avait jamais vue dans ce type de tenue, et elle ne lui avait jamais posé de question aussi directe quant à son avis sur son physique. La brune s'attendait à tout, sauf à ce qu'il admette qu'il posait un regard plus que favorable sur elle. Sans s'en rendre compte, la jeune femme rougit tandis que la main ferme de son compagnon, bien plus grande que la sienne, touchait à nouveau sa peau. Elle n'aurait sut dire pourquoi, mais cette seule réponse suffisait à la faire taire et la poussait à observer un peu plus attentivement leurs mains jointes. Une nouvelle question, mal placée, faisait surface. Était-ce l'étreinte d'un grand frère ou celle d'un homme qu'elle sentait contre sa paume ? Jusque là, elle n'avait même jamais pensé qu'il pouvait regarder autre chose que ses bouquins, encore moins une femme. Encore moins elle. Certes, la pensée semblait un peu naïve, mais elle n'en demeurait pas moins troublante. Alors que ses pas se faisaient plus pressés pour suivre correctement les grandes enjambées du brun, la belle releva la tête vers son visage et l'observa avec curiosité tout le long de leur marche, jusqu'à leur entrée - plutôt facile - dans la boîte.

« ▬ Ça alors, j'en reviens pas, je suis accepté dans cette tenue minable... °° Pff... Je ressemble à rien, je suis même pas coiffé, madame m'excusera si je ne vais pas m'afficher sur la piste avec elle... »

L'ayant lâché pour se débarrasser de sa veste, dévoilant un haut moulant qui possédait toutefois un petit col, l'élite fut incapable de retenir un petit rire joyeux. Il ne se rendait vraiment pas compte. D'abord, un homme avait toutes les chances d'entrer du moment que celle qui l'accompagnait avait un minimum de tenue, et ensuite, personne n'aurait osé le refouler à l'entrée alors que toutes les personnes de la gent féminine de la file l'avaient regardé avec envie, en mettant de côté quelques coups d'œil jaloux à sa propre encontre.

« ▬ C'est vrai que la situation paraît ridicule quand tu la présente comme ça ! Ne, Oppa, gomen ne. »

Quand même, l'étudiante en question avait encore des manières et se rendait très bien compte qu'elle l'avait sortit du lit pour une raison relativement absurde. Revenant vers lui, elle lui adressa un regard qui aurait put paraître furieux à n'importe qui d'autre que Run :

« ▬ Et c'est Mademoiselle, Oppa~ ! A moins que tu sois déjà si pressé de me voir en robe de mariée ? »

Et de lui sourire malicieusement juste à la suite, le laissant docilement - voir très volontairement - lui reprendre la main pour entrer dans la salle principale du Yoru, déjà bondée malgré qu'il fut encore tôt. D'un regard pétillant, Reina prit la mesure des lumières et des danseurs, admirant certaines qui auraient mérité d'apparaître dans un clip - à tous les coups, des étudiantes artistiques d'Umi Seom. Ça y est, ses pieds la démangeaient déjà. Mais d'abord, direction le bar ! Le japonais devait avoir la gorge sèche après la course et la peur qu'elle avait provoqué, et elle avait besoin de faire passer l'étrange impression que sa remarque sur sa tenue lui avait laissé. Juste un peu, ça ne ferait de mal à personne...

« ▬ Oh non... J'ai pas mon portefeuille.
▬ Shiken ni ?! »

Un temps de réflexion et une secousse de la tête plus tard, Reina l'entraina au coin du bar, le lieu le plus susceptible d'attirer l'attention quand un tas monstrueux de personnes squattait déjà le reste.

« ▬ ... En fait, moi non plus... » Elle lui accorda un sourire amusé avant de faire signe au barman. « Un Geisha Delight s'il-vous-plait ! »

Composé de Midori, de Galiano, de Cointreau, de rhum à la noix de coco et de jus d'ananas, le Geisha Delight était considéré comme un cocktail aussi cher que fort en alcool. La boisson idéale en somme, avec sa jolie couleur dorée et sa cerise rouge en décoration. Dès que le verre arriva, la belle fit un sourire qui voulait tout dire au barman et se tourna dos au bar, s'y appuyant légèrement pour faire face à son sempai tout en prenant délicatement le fruit pour le glisser entre ses lèvres. Ah, ça y est, la gourmandise était comblée.

« ▬ Tu partages avec moi ? » Elle tendit légèrement le verre. « Attention, tu ne seras pas en état d'étudier demain matin avec ça, ne ? »

« ▬ Dis-donc Reina, avec quoi comptes-tu payer ? Tu ne crois quand même pas que tu t'en sortiras en faisant les yeux doux au barman, hein ? Et puis ce truc m'a l'air super fort en effet, je vais éviter... Et toi fais doucement, je n'ai aucune envie de te porter à la sortie, je suis déjà assez mort comme ça.
▬ Run~ » Lâcha-t-elle aussitôt sur un petit ton plaintif. « Moi qui voulais échanger un baiser indirect avec toi !~ »

Si ça, ce n'était pas jouer sur le ridicule de la situation... Tirant un petit bout de langue malicieux en retirant la queue de la cerise d'entre ses lèvres pulpeuses, Reina s'étira langoureusement contre le comptoir tout en observant malicieusement son ainé. Il est vrai qu'elle était d'une nature innocente, mais jamais encore il n'avait eut l'occasion de la voir s'amuser en dehors de l'université. Hors, la brune adorait ça. Ce petit côté libre auquel elle n'avait jamais goûté avant d'entrer à Umi Seom, cette facilité à découvrir le monde malgré son ignorance notable de tout ce qui pouvait y être mauvais.

« ▬ En fait, le barman me connaît. Je viens de temps à autre ici, alors il mettra ça sur ma note. »

Au moins, ça simplifiait un peu les choses que de connaître du monde. Ce qu'elle ne disait pas, c'est que le jeune homme en question lui avait déjà fait du rentre-dedans, et pas du genre tout en douceur. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure avant de prendre une gorgée de sa boisson, en savourant le goût fort, la belle se permit un léger regard en arrière pendant que Run se décidait à observer la piste de danse. Rien que ce coup d'œil lui attira un sourire engageant qui la poussa à faire un léger pas pour se rapprocher sensiblement de son protecteur pour bien faire comprendre à cet idiot qu'elle n'était définitivement pas seule.

« ▬ Reina, tu as vu ça ?? Allez viens !
▬ Hein, vu quoi ? »

Comprenez bien que cette question instinctive ne l'empêcha pas de suivre docilement le mouvement, lui faisant perdre des yeux le danger potentiel qui ne pouvait, fort heureusement, pas quitter sa tâche nocturne. Du coup, quand elle se retrouva devant une table vidée de ses occupants et encore généreusement garnie de bouteilles d'un alcool moins fort que le sien, ses yeux se changèrent en soucoupes. Miraculeux, quelqu'un avait entendu les prières muettes de l'étudiant de médecine qui venait de la lâcher pour mieux de jeter sur un verre qui fut aussi vite rempli que vidé.

« ▬ Fiou, ça fait longtemps ^0^ J'ai intérêt à faire attention si je veux être en forme pour bosser demain... »

Et de se servir aussi sec un nouveau verre sous le regard médusé de la jolie demoiselle. A ce rythme, même le geisha delight aurait été plus délicat sur le résultat futur si il continuait à avaler ses boissons cul sec.

« ▬ Tu comptes vraiment travailler un dimanche ? »

Pas que Reina fut la dernière à bosser sans arrêt pour être sûre de garder les meilleures notes possibles, mais ça restait quand même assez incroyable d'entendre ça un samedi soir en plein milieu de la musique assourdissante. A ce sujet, la brune se rapprocha nettement de Run, posant le bout de ses doigts sur son bras pour mieux se pencher vers lui et être sûre qu'il l'entende.

« ▬ Fais une pause pour une fois, et profites de la soirée avec moi ! S'il-te-plait, Run Oppa !~♥
▬ Largue ce type, nous on va s'amuser avec toi si tu veux ! On a même rien à faire demain, donc tu pourrais venir passer la fin de la soirée chez nous...
▬ Hé ? »

Arrêt sur image. Run avait stoppé son mouvement à quelques centimètres de ses lèvres et l'étudiante se retournait seulement vers le groupe d'hommes qui la regardaient de haut en bas avec un air un peu trop approbateur pour ne pas sembler pervers. Puérilement, l'élite serra ses doigts sur la manche de chemise de son compagnon, son corps entier se crispant pour l'empêcher de faire le pas en arrière qu'elle rêvait d'esquisser. Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Et pourquoi diable aurait-elle l'envie de finir sa nuit avec Run chez eux ? Lentement, elle tourna la tête vers ce dernier, guettant sa réaction avec appréhension. Sait-on jamais, qu'il décide de la laisser tomber pour se venger de la façon dont elle l'avait attiré ici.

« ▬ Je... Euh... »

Dans l'hésitation, une main baladeuse s'accrocha d'autorité au bas de son dos, tâtant le creux de ses reins avec un peu trop d'insistance pour ne pas lui arracher un léger gémissement plaintif.

« ▬ Allez, viens danser, je vais te faire oublier cet intello. Et toi... » Lâcha-t-il en un regard sur Run. « Si t'allais réviser tes cours tout de suite ? Nous, on saura prendre soin de la demoiselle. »

Si la situation n'avait pas semblé aussi critique du point de vue respiration, Reina aurait volontiers collé une gifle à celui qui se permettait autant de liberté sur son corps. Non pas pour ce geste en lui-même, mais pour les paroles lancées à la figure de Run. Si il y avait bien une chose que la brune ne supportait pas, c'est qu'on touche aux personnes à qui elle tenait. Hors elle tenait plus que de raison au futur médecin. Malgré ça, son corps semblait figé, ses muscles de plus en plus contractés, et... C'est là que le whisky coca l'éclaboussa dans son passage entre Run et l'inconnu. Dans la seconde, il n'y eut plus de peau intruse contre elle, et la coréenne fit un pas de côté pour se placer instinctivement derrière son compagnon, lui laissant tout loisir de foncer sur le pervers en herbe.

« ▬ A qui est-ce que tu touches là toi ? Écoute-moi bien, je te conseille de faire gaffe parce que je suis loin d'être ton pote, si tu me cherches tu vas me trouver très vite. »

Interloquée par la situation, qui semblait vraiment devenir de plus en plus ridicule à mesure que le temps passait, la principale source de cette dispute retint sa respiration, son regard s'alternant entre la main serrée du japonais et son visage déformé par la colère. D'une certaine façon, le voir dans cet état était presque plus effrayant que d'être abordée sans douceur dans une boîte comme le Yoru.

« ▬ Qu'est-ce que tu as toi, on est quatre, qu'est-ce que tu vas faire tout seul ? » Bonne question. « Si tu es si stressé pour tes jolies révisions, que fais-tu dans un endroit pareil ? On est pas méchants. On veut juste jouer avec elle.
▬ Je ne suis pas un jou... ! »

... et. Dans un sursaut, la belle porta ses mains à sa bouche en voyant Run réagir au quart de tour à la provocation implicite du crétin de base qui lui faisait face. Enfin, qui lui faisait face un quart de seconde plus tôt puisqu'il était maintenant étalé de tout son long sur le sol, table comprise, ce qui poussa l'étudiante à faire un nouveau pas en arrière en laissant descendre ses mains sur la peau fine de sa gorge. C'était elle où ça devenait difficile de respirer tout d'un coup ? Sans avoir le temps de calmer les battements affolés de son cœur, Reina laissa son sauveur lui prendre la main afin de mieux la protéger. Pour ne rien arranger, la sécurité de la boîte arrivait, et son geisha delight était à terre avec le reste des débris. Jusque là, elle n'avait même pas remarqué qu'elle l'avait lâché dans un accès de panique.

« ▬ Je crois qu'on devrait y'aller.
▬ Mhh mhh... »

Façon de dire oui quand on manque de souffle. C'est à peine si elle arrivait à le suivre, trébuchant involontairement du haut de ses talons pour mieux se redresser derrière lui l'instant suivant. En moins de temps qu'il en faut pour le dire, ils furent dehors. L'air était frais malgré ses manches longues, provoquant de longs frissons le long de sa colonne vertébrale. C'était quoi cette soirée ? Et qui était celui qui serrait sa main avec inquiétude ? Pendant un court instant, la vision de la demoiselle se brouilla. Larmes ou coup de faiblesse soudaine ?

« ▬ Désolé mais je crois que c'est mort pour ce soir. Je te raccompagne chez toi. Je ne t'ai pas fais peur j'espère... »

Et la fragile petite poupée restait là, à le regarder de ses grands yeux sombres. Brillants de larmes, en effet, même si elle n'en avait pas conscience. Heureusement, un petit coup de brise venant secouer ses cheveux lui fit reprendre conscience qu'elle possédait des cordes vocales et que ça pouvait être utile de s'en servir. Ou pas. Au moins, la respiration semblait moins pénible qu'à l'intérieur. Sur un coup de tête, sans un mot, la belle détacha sa main de celle de son ainé pour mieux la saisir à deux mains, prenant soin d'en fermer les doigts pour recréer un poing juste devant son visage. Pendant quelques secondes, elle fixa cette peau qui avait percuté le visage du gars à l'intérieur, puis ses lèvres vinrent doucement se poser sur le poing qu'elle maintenait serré. Le baiser pouvait presque en sembler amoureux. La seconde suivante, détachant à peine sa bouche de la peau de Run, Reina se décida enfin à parler :

« ▬ Tu ne me feras jamais peur... » Lentement, son regard remonta pour croiser celui de l'étudiant en médecine. « Oppa... »

Pourquoi, se faisant, son cœur battait-il d'une manière si désordonnée ? Détachant petit à petit son visage de cette main qui lui semblait si douce malgré ce qu'elle avait fait, sans pour autant la lâcher, la japo-coréenne se mordilla la lèvre inférieure d'une manière involontairement sensuelle.

« ▬ C'est eux qui... Qui... » Les mots se bloquaient dans sa gorge. Mystérieusement. « Est-ce que je peux... Venir chez toi ? Je ne veux pas... Être seule... Je te laisserai étudier, promis... »

Il ne fallait quand même pas se faire d'illusion : En vérité, Reina avait eut sa montée de peur en voyant son sempai lever le poing. La seule chose qui la poussait à agir avec autant de douceur, c'est qu'elle comprenait. Enfin, la seule... Non, la seconde était qu'elle aimait Run, ce qui était une donnée non négligeable dans l'équation.

« ▬ ... Venir chez moi ? »

... Ou pas ? Sur le moment, la brune ne résista pas à se dandiner maladroitement d'un pied sur l'autre, sentant le rougissement menacer ses joues avec insistance. C'est vrai que d'une certaine façon, elle lui réclamait la lune. Son ainé n'était pas du genre à faire rentrer n'importe qui chez lui, et encore moins quand il s'agissait d'une nuit comme elle venait de lui demander maladroitement; Après tout, n'importe qui savait qu'un homme habitué à vivre seul ne ramenait que ses conquêtes d'un soir dans son lit, et encore. Hors le brun n'étant pas un Don Juan notoire malgré sa célébrité à Umi Seom, ça revenait à dire que personne ne venait jamais déranger sa tranquillité. Quand bien même étaient-ils voisins, Reina n'y était passée que très rarement pour lui apporter de la nourriture, inquiète du fait qu'il passe plus de temps le nez dans ses livres que dans sa cuisine. Pour le coup, la belle demoiselle semblait vraiment désespérée et passa une main dans le creux de sa nuque avec un air gêné, tentant de retenir les larmes qui voulaient se frayer un chemin dans ses yeux. Oui, elle avait eut peur, inutile de tenter de le nier, mais vraiment pas de lui. Et dans la situation, ce n'était clairement pas Nanao qui arriverait à la calmer.

« ▬ Bon... C'est partit, mais comme tu l'as dis, tu me laisses réviser hein ? »

Rapide en besogne, il était déjà en train de marcher qu'elle avait à peine esquissé un hochement de tête précipité pour rebondir sur sa question. Et bien entendu, puisqu'elle n'avait pas lâché sa main chaude, l'étudiante se retrouva entrainée dans la marche, faisant le chemin dans un silence religieux, fixant soigneusement le sol. L'air de rien, faire la marche du retour sans rien dire, ça avait le don de créer une espèce de brèche temporelle qui poussait à se retrouver dans un salon avant même de s'en être rendu compte.

« ▬ Fais comme chez toi, si tu veux dormir y'a un lit, si t'as faim y'a la cuisine, si tu veux prendre une douche y'a la salle de bain... »

Autant s'arrêter au 'fais comme chez toi', ça aurait été plus court et moins gênant. En effet, à la dernière mention de la liste, l'élite avait prit une adorable teinte cramoisie, participant involontairement au superbe blanc qui venait de s'installer. Ce n'était pas comme si elle n'avait pas justement pensé à demander si elle pouvait utiliser la salle de bain, mais prononcé tout haut par une voix masculine, ça lui donnait une impression vraiment étrange. Un peu comme un couple se préparant à... Concurrencer les tomates, elle ? Heureusement que Run s'était dirigé tout net vers sa chambre, sinon la situation aurait été encore pire question imagination débordante en matière de choses auxquelles elle n'était même pas sensée penser.

« ▬ Si t'as besoin de moi, tu sais où me trouver ^^"
▬ Y-Ye... H-Hai... »

Aigoo, pourquoi était-elle en train de bégayer maladroitement en passant d'une langue à l'autre sans réfléchir ? Du coup, la tête vide oblige, la belle fit un sublime demi-tour et fonça droit vers la salle de bain en question pour s'y enfermer à double tour. Ça, c'était une réaction mature. Les quelques gorgées d'alcool qui faisaient effet, sans aucun doute, elle ne voyait que ça pour se sentir aussi ridicule en présence de Run. Quelques secondes plus tard, Reina s'était déshabillée et se trouvait sous le jet d'eau froide de la douche, passant nerveusement ses mains dans sa longue chevelure détachée, laissant couler ses pensées à travers l'eau sur son corps. Lorsqu'elle ressortit de la salle de bain, soigneusement enroulée dans une serviette blanche, elle se dirigea tout net vers la cuisine pour préparer deux tisanes qu'elle emporta jusqu'à la chambre de son hôte. Se glissant par la porte entrouverte sur la pointe des pieds, la japo-coréenne observa quelques secondes son oppa plongé dans son bouquin de médecine avant de s'approcher et grimper à genoux sur le lit, lui tendant la tasse fumante sous le nez.

« ▬ Pour toi~ » La boisson, ou la tenue ? « En remerciements. »

Comme quoi, la naïveté de la demoiselle avait autant de limites que son naturel bienveillant qui l'avait poussée à penser à son ainé avant elle en faisant chauffer l'eau chaude au lieu de répondre à l'appel de sa gourmandise qui lui donnait automatiquement faim dès qu'elle entrait dans une cuisine. Passant sa tête sur l'épaule de Run pour jeter un coup d'œil à la page qu'il lisait avant son intervention, se rapprochant dangereusement sans même en prendre conscience, la brune fronça les sourcils et porta sa propre tasse à ses lèvres.

« ▬ Hum... '-' »

Traduction normale venant d'elle : Je comprend qu'un mot sur deux, c'est normal ? Du coup, l'élite tourna un regard discrètement mordoré vers le visage de son oppa et... Se mit à rougir instantanément en se rendant compte qu'elle y était presque collée. Oops ?

Dans cette situation, n'importe quelle personne sensée serait partie à vitesse grand V. Limite, elle aurait même pu courir dans cette tenue jusqu'à l'appartement voisin, le sien de fait, pour s'enfermer pendant au minimum une grosse semaine sans plus penser à pointer le bout de son nez dehors. Non mais sérieusement, qu'est-ce qui lui était passé par la tête pour se retrouver collée à son ainé dans une tenue pareille, à quelques centimètres seulement de son visage ? Et encore, si on pouvait parler de centimètres. Sur le coup, les yeux de Reina s'étaient écarquillés de surprise, et il lui était brièvement passé par la tête qu'elle n'avait jamais observé Run d'aussi près. Et que ce n'était pas si désagréable. Ouha... Si le but de cette pensée incongrue était de la faire virer à l'écrevisse, c'était plutôt réussi.

« ▬ Reina... Qu'est-ce que tu veux ? Soit claire s'il te plait. »

Et là, les mots restaient définitivement bloqués dans sa gorge. C'était une impression ou la situation déraillait complètement ? Ce n'est que quand il esquissa son premier geste qu'elle s'écarta d'un coup, serrant sa tasse bouillante contre sa poitrine tout en le fixant avec de grands yeux effrayés tandis qu'il se levait et la regardait de haut en bas.

« ▬ Alors ? Qu'est-ce que tu cherches ? Tu as vu dans quelle tenue tu viens me voir, tu trouves ça normal peut-être ? Et pourquoi est-ce que tu t'approches autant, c'est moi où... Tu essaies de m'embrasser ? Écoute, je ne voudrais surtout pas paraître brusque mais... Toi et moi, nous ne sommes que des amis d'accord, et rien de plus. »

Des larmes montèrent instantanément dans les yeux de l'élite qui ne trouva rien de mieux à faire que de baisser piteusement les yeux, un air franchement traumatisé sur le visage. Et mieux, dans un silence de mort. D'accord, elle n'avait pas spécialement réfléchit au fait que venir dans la chambre d'un homme dans cette tenue était encore pire que l'idée de prendre une douche chez lui. De même, elle n'avait pas prévu de coller son nez au sien, c'était juste la curiosité qui l'avait poussée à se pencher pour mieux regarder le livre. Mais était-ce une raison pour le lui faire comprendre d'une manière aussi brusque ? Sur le moment, son mutisme dura un certain temps. Plusieurs minutes, peut-être, durant lesquelles elle eut l'impression de mourir sur ce grand lit, une main maladroite étant venue se positionner à la limite de la serviette pour la maintenir le plus possible sur ses cuisses encore humidifiées par sa douche récente. Le pire, c'est qu'elle ne voyait même pas quoi dire. Lentement, prenant garde au moindre de ses mouvements, la brune se redressa et se pencha afin de poser sa tasse sur la table basse juste à côté du lit. Puis enfin, elle releva la tête, croisant le regard de son ainé avec un air franchement désespéré. A vrai dire, elle faisait vraiment pitié à voir, et pour combler sa gêne, la belle fit courir sa main de nouveau libre dans ses cheveux mouillés, faisant tomber quelques gouttes qui coulèrent le long de sa peau.

« ▬ J-Je... » Mais encore ? « Je n'essaie pas de t'embrasser ! Qui voudrait le faire d'abord ?! »

Wow... A nouveau figée, l'étudiante cligna plusieurs fois des yeux en se rendant compte de ce qu'elle venait juste de sortir. Déjà, plus de la moitié des filles de l'université auraient voulu le faire, ce qui réfutait directement l'argument. Ensuite, c'était complètement puéril de s'emporter comme ça juste parce que... Parce que... Une première larme roula le long de la joue de la jeune femme, puis une seconde. Bon sang, ce n'était absolument pas ce qu'elle voulait dire. Un sanglot muet secoua ses épaules tandis qu'elle baissait à nouveau la tête, se sentant tellement misérable que même s'enterrer six pieds sous terre n'aurait pas suffit à calmer le sentiment de perte et d'erreur qu'elle ressentait pile à ce moment là.

« ▬ J-J-Je suis désolée, je voulais pas... » Elle n'osait même plus poser les yeux sur lui. « C'est juste que mes vêtements étaient complètement... Je veux dire... Je voulais te demander une chemise, ou un jogging, et... » Sa gorge se serra dangereusement. « Je ne voulais pas te déranger, je... »

Et comme si les choses ne voulaient absolument pas aller mieux, il fallait que son sac soit resté au vestiaire du Yoru pour l'obliger à retourner le chercher le lendemain. Le lien entre ça et ce qu'elle disait ? Sans doute le manque d'oxygène qui était en train de lui compliquer la vie et qui expliquait que son esprit ait brièvement dérivé vers son inhalateur, précisément contenu dans ce sac.

« ▬ Je sais... Je sais qu'on est qu'amis... »

Comme d'habitude dans ces moments là, la main qui ne tenait pas la serviette en place descendit le long de sa gorge, à croire qu'elle pensait que ce simple geste pouvait éventuellement calmer la crise due au stress qui se profilait à l'horizon. Finalement, se faire railler par Nanao au retour aurait peut-être été une solution plus sage.